Daredevil et Netflix : le rouge leur va si bien

Elektra et le Punisher dans Dardevil saison 2 : toutes les infos en fin d'article

Le renouvellement de Daredevil pour une deuxième saison est vraiment une bonne nouvelle. Daredevil est à mes yeux la meilleure série télévisée jamais consacrée à un super-héros. C’est un jugement totalement subjectif, forcément. Admettons que le Batman des années 60 soit hors compétition car son excentricité et son charme désuet pourraient légitimement lui valoir quelques fans irréductibles.

Daredevil vs Arrow vs Flash

De nos jours, les concurrents directs de Daredevil se trouvent du côté DC Comics. Ce sont Arrow et Flash. Ces deux séries ne sont pas dénuées de qualités et elles rencontrent un certain succès. Toutefois, leur traitement dérive régulièrement vers des histoires d’amour à rallonge pour ado. C’est amusant pendant un temps, de même que certains rebondissements qui viennent relancer l’intérêt du spectateur au bon moment. Toutefois, et même si Arrow se veut plus « sombre », on reste dans un registre au final assez léger et peu crédible. C’est un choix artistique respectable, mais un choix qui n’a pas été repris par Daredevil, bien au contraire.

On attendait beaucoup de ce premier coup d’essai entre Netflix et Marvel. Malgré cette pression, Marvel parvient encore une fois à ne pas décevoir. C’est une réussite d’autant plus étonnante quand on la considère avec un peu de recul.

Marvel était au bord de la faillite avant de devenir, grâce au cinéma, un fleuron de l’industrie de l’Entertainment que Disney a rapidement décidé d’acheter. C’était en 2009, pour 4 milliards de dollars. Plutôt une bonne affaire.

Les films Marvel proposent des tonalités variées, mais, à l’image de ses héros, il est rare qu’ils soient dénués d’une touche de légèreté. On pourrait même s’agacer du niveau de cabotinage introduit par Joss Whedon avec les Avengers, mais l’humour a toute sa place auprès d’une partie des personnages Marvel. De ce point de vue, certains ont pu craindre que le rachat par Disney ne signifie une dérive de la direction artistique vers plus en plus de mièvrerie. Heureusement, cette vision plutôt simpliste des choses s’avère totalement fausse.

En effet, le studio Marvel bénéficie de la même liberté artistique que Pixar dans un autre registre. Le véritable impact de l’apparition de Disney dans l’équation, ce sont surtout les moyens énormes qui se voient à l’écran pour mettre en images tout un univers de super-héros nés pour la plupart sous la plume de Stan Lee.

Revenons au diable du quartier new-yorkais de Hell’s Kitchen. La qualité de Daredevil n’était pas gagnée d’avance. Même si la plupart des films récents du fameux MCU (Marvel Cinematic Universe) sont d’un bon niveau, certains font quand même sérieusement baisser la moyenne. Je pense notamment à Thor 2 qui m’a profondément ennuyé. Il faut ajouter à cela que la transition vers le petit écran n’est pas chose aisée, l’exercice étant bien différent.

Daredevil > Agent Carter > Agents of SHIELD

Les réticences étaient d’autant plus justifiées que les résultats des séries Marvel existantes étaient jusqu’à présent bien moins convaincants que ceux obtenus par les longs métrages. En effet, la première saison de Marvel : Agents of SHIELD a été jugée par beaucoup comme relativement poussive. Certes, la mini-série Agent Carter a été mieux accueillie par la critique. Néanmoins, les huit épisodes d’Agent Carter ont pour principal atout un duo central qui fonctionne bien. Malheureusement, les aventures du grand amour perdu de Captain America et de son acolyte sont plutôt desservies par une vision parfois caricaturale de la société de l’après-guerre et par une intrigue qui met trop de temps à démarrer.

Alors que ces séries ne m’ont jamais vendu de rêve, lorsque le partenariat entre Marvel et Netflix a été annoncé pour 4 séries en novembre 2013, j’ai tout de suite senti l’énorme potentiel du projet. Daredevil et Iron Fist font partie des super-héros Marvel qui me fascinent depuis l’enfance. Je trouvais Luke Cage très sympa également, mais j’avoue que je ne connaissais pas Jessica Jones, un personnage créé en 2001. Tous ces héros devraient à l’avenir se retrouver dans quelques épisodes de The Defenders et il n’est pas impossible qu’on les voit faire des apparitions dans les films Marvel à venir, à commencer par Captain America : Civil War.

Quoi qu’il en soit, le premier à relever le défi de la télévision n’est autre que le rouge Daredevil, ce qui n’est pas forcément étonnant pour un Homme Sans Peur.

Pourquoi s’abonner à Netflix ?

Daredevil est LA série qui a véritablement attiré mon attention sur le service Netflix. Si la possibilité de revoir d’anciens films et séries a un intérêt plutôt limité à mes yeux, c’est dans la création de séries originales et la diffusion de séries qui viennent tout juste de sortir que Netflix fait très fort. Même si House of Cards ne fait malheureusement pas partie du catalogue français, entre Orange is The New Black, Penny Dreadful ou encore l’Attaque des Titans, on trouve du très lourd sur le service de flux continu. On vient de passer au niveau supérieur avec Daredevil, dont les 13 épisodes se sont révélés à la hauteur de mes attentes.

Daredevil assume totalement la noirceur de certains arcs narratifs du matériau original en piochant allègrement dans la version qu’en a proposée Frank Miller. Même si je suis loin d’être un inconditionnel de Miller, qui s’est largement fourvoyé en tant que réalisateur, il faut au moins lui reconnaître certains grands classiques de la BD, que ce soit au service de Batman ou de Daredevil.

La série est donc bien plus sombre que les films Marvel existants. Elle est ancrée dans un réalisme très cru, aussi bien dans la perversité du crime quotidien que dans la violence des combats menés par un héros bien moins puissant que la plupart des Avengers.

D’un point de vue créatif, le grand avantage d’une telle série est d’offrir aux scénaristes et réalisateurs environ 11 heures pour déployer une histoire et creuser des personnages. C’est un véritable luxe qui permet d’échapper aux sempiternelles histoires dans l’histoire qui font le quotidien de la plupart des séries.

Daredevil n’est pas une oeuvre dénuée de défauts. Il faudra ainsi passer outre certaines longueurs, notamment dans le premier et le troisième épisode, pour vraiment profiter des moments intenses que vous réserve le reste de la saison. Je ne me lancerais pas dans une fastidieuse description du scénario. Il suffit de savoir qu’il est bon, avec quelques passages qui frisent même l’excellence.

Ecriture, réalisation, combats et casting au top

Au rayon des qualités, l’écriture, la réalisation et l’interprétation sont très convaincantes. Mention spéciale pour les cascadeurs qui réussissent à donner de la crédibilité aussi bien aux prouesses martiales du héros qu’aux séquences de parkour. Quand on sait que la scène qui conclue l’épisode 2 a effectivement été tournée en une seule séquence, on ne peut qu’applaudir la maestria déployée.

Le casting est très solide. Charlie Cox n’a pas un physique proche de celui du Matthew Murdock des comics, mais cela ne l’empêche pas de faire sien le personnage avec un certain charisme. On regrettera peut-être que la mise en image de ses démons intérieurs n’ait pas été poussée encore plus loin.

Avec Rosario Dawson et Deborah Ann Woll, le moins qu’on puisse dire est que Charlie est bien entouré. Même si Deborah n’est finalement pas si loin de la psychologie du personnage qu’elle incarnait dans True Blood, elle reste très douée dans le registre de la fragilité et de l’émotion. Karen Page, son personnage, pourra parfois agacer certains spectateurs, et on regrette la facilité avec laquelle elle et Foggy Nelson se tournent vers l’alcool dès qu’un malheur survient. Quoi qu’il en soit, depuis que je sais que l’actrice joue au jeu de rôle sur table, je suis devenu encore plus fan. Petit mot au passage sur Elden Henson qui incarne Foggy Nelson avec un naturel désarmant. C’est vraiment un excellent second rôle. Quant à Rosario Dawson dans le rôle de Claire Temple, elle est tout simplement pour moi une des actrices les plus sous-exploitées d’Hollywood et elle prouve à nouveau son talent dans plusieurs registres. Comme le nom du personnage l’indique, elle est une sorte de Temple pour Matt Murdock, une ancre à laquelle se rattacher dans les pires moments. Rosario Dawson apporte un mélange de charme, de force et de subtilité qui la rendent aussi aimable que crédible.

Mention spéciale à Wilson Fisk

Enfin, du côté des « méchants » il faut obligatoirement dire un mot de Toby Leonard dans le rôle de James Wesley, l’homme de confiance de Wilson Fisk. Wesley est tout simplement parfait et il forme avec Vincent d’Onofrio, qui incarne donc le Caïd Wilson Fisk, le duo le plus incroyable de la série.

D’Onofrio se régale avec ce personnage. Il en devient fascinant. Son regard, ses demi-sourires, son expression corporelle, tout est au service d’un personnage rendu passionnant par son ambivalence. D’Onofrio réussit à dresser le portrait d’un homme qui semble autant tenir de l’enfant perdu que du plus impitoyable des parrains de la mafia. Entre une intelligence glaciale, une rage meurtrière qui menace d’exploser à tout moment et une sensibilité touchante, le Caïd est la véritable star de la série.

Daredevil vs Punisher vs Elektra ? Ce qu’on sait de la saison 2

Alors que Charlie Cox, l’acteur principal, avait déjà quelques idées en tête à la fin de la saison 1 concernant les personnages de la suivante, des informations de casting nous permettent d’avoir maintenant des certitudes et quelques très bonnes pistes.  Tout d’abord, on sait que Jon Bernthal incarnera le Punisher dans Daredevil saison 2. Jon Bernthal est notamment connu pour son rôle de Shane Walsh dans The Walking Dead, mais il a également joué dans les films Fury ou encore le Loup de Wall Street. Le Punisher (alias Frank Castle) est un des anti-héros les plus sombres de l’univers Marvel puisqu’il fait preuve de la plus grande violence dans son combat contre les criminels (puisqu’il en devient un lui aussi du fait des assassinats dont il est l’auteur). Les questions morales  et religieuses que se posent Matt Murdock trouveront forcément écho dans le comportement extrême de Frank Castle.

On ne sait pas encore si le Punisher sera le principal antagoniste de Daredevil, mais on a tendance à penser que ce rôle sera celui réservé à l’assassin psychopathe Bullseye. On ne sait pas encore qui pourrait incarner ce personnage capable de transformer la plupart des objets du quotidien en projectile mortel. Bullseye est un méchant emblématique des comics Daredevil, mais il a aussi rencontré le Punisher à plusieurs reprises. Un tel trio est déjà prometteur, mais on a désormais la certitude qu’Elektra viendra s’y ajouter. Cette autre experte en arts martiaux et tueuse professionnelle a une personnalité moins sombre que celle de Bullseye qui est d’ailleurs totalement obsédé par elle… Elektra est par ailleurs une histoire d’amour potentielle pour Matt (encore une !) D’origine grecque, Elektra Natchios sera interprétée par Elodie Yung, une actrice française déjà vue dans Banlieue 13 ou encore GI Joe: Conspiration. Elle surgira du passé de Matt Murdock puisqu’il a fait sa rencontre durant ses années universitaires…

Les pistes lancées par la première saison et les ponts vers le cinéma

Pour ce qui est des personnages de retour, outre Foggy Nelson (Elden Henson), Karen Page (Deborah Ann Woll) et Claire Temple (Rosario Dawson), on espère revoir également Wilson Fisk. Enfin, la première saison a habilement introduit des personnages et organisations qui serviront à coup sûr, que ce soit dans Daredevil ou d’autres séries Marvel / Netflix. En effet Madame Gao (la vieille dame « Chinoise ») est très certainement liée aux origines d’Iron Fist, tandis que les yakuzas et leur chef ninja sont certainement membres de l’organisation criminelle « La Main ». Stick, le mentor de Daredevil, ainsi que son mystérieux interlocuteur Stone (le tatoué costaud qu’on voit de dos) font quant à eux partie d’une organisation (les Chastes) cherchant à combattre la Main et à l’empêcher de mettre en oeuvre de bien sombres desseins…

Kevin Feige, le président de Marvel Studios, a confirmé à demi-mot que Daredevil et les Defenders (le groupe qu’il formera avec Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage) pourraient bel et bien faire une apparition au cinéma. Nous verrons bien, mais ce qui est sûr, c’est que l’attente sera longue d’ici la saison 2 de Daredevil, prévue pour une date de sortie aux alentours du mois d’avril 2016.