Creed : critique du film
Creed parvient à prolonger la magie Rocky en se forgeant sa propre identité. Film à voir !
Creed est un film qui vous mérite et vous méritez sans doute un film comme Creed. Avant d’aller plus loin dans cette critique, je me dois de vous prévenir : je suis fan de Rocky. Pas fan au point de connaître chaque réplique par cœur, certes, mais suffisamment fan pour avoir vu tous les films plusieurs fois et pour en utiliser les musiques emblématiques dans mes entraînements.
Rocky, Rocky !
Lorsqu’on est jeune ou qu’on reste un éternel adolescent, on apprécie tous les Rocky, et ce en dépit du manichéisme affligeant du 4 ou même de la médiocrité régnant sur le 5. Toutefois, pour toute personne un peu cinéphile ou capable de prendre du recul avec ces petits plaisirs coupables, difficile de nier que le premier Rocky est certainement le film le plus abouti de la série.
J’y ajouterais personnellement Rocky Balboa, Rocky 6 si on veut, qui m’avait particulièrement touché et dans lequel j’avais adoré la prestation d’acteur de notre bon vieux Sly. Même le manque de réalisme de ce come-back tardif n’avait pu gâcher mon enthousiasme. J’irais même jusqu’à avouer une tendresse particulière pour Rocky 3, ne serait-ce que pour sa légendaire bande originale… oh et puis le 2 et le 4 aussi au final, zut !
Fermons cette parenthèse introductive d’échauffement, il est temps de mettre les gants. Rassurez-vous, hors de question de tenter un KO technique sur Creed, le film est bien trop balèze pour moi.
Adonis qui ?
En résumé ultra rapide, Creed nous fait suivre le destin d’Adonis, le fils qu’Apollo, l’adversaire puis ami de Rocky, n’a jamais connu. Malgré la possibilité de suivre une carrière toute autre, Adonis décide de tout abandonner pour faire de sa passion pour la boxe le centre de sa vie. Pour cela, il va tenter d’obtenir l’aide du mythique Rocky Balboa.
À première vue, l’idée d’un film comme Creed pouvait sembler terriblement mauvaise et à motivation uniquement commerciale. En effet, une sorte de suite ou tout du moins de spin-off de Rocky n’avait que peu de sens. Et pourtant, Stallone s’est laissé convaincre. Il a bien fait.
Creed parvient à reprendre l’essence de la saga Rocky tout en sachant s’en différencier suffisamment pour trouver une identité propre au nouveau personnage central. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien Adonis Creed et non pas Rocky Balboa qui est au cœur de ce film. Evidemment, Rocky est un élément essentiel, mais l’histoire n’est pas bâtie autour de lui et de sa fin de parcours.
Creed renoue ainsi avec certaines des grandes qualités du premier Rocky. Le film est émouvant sans être larmoyant. Il est respectueux du monde difficile de la boxe tout en conservant une certaine tendresse. L’histoire de Rocky est parfaitement mise à profit et c’est un régal pour les fans de se retrouver en quelque sorte dans le personnage d’Adonis qui connaît sur le bout des doigts la carrière du champion.
Le film sait aussi faire preuve de légèreté bien dosée en jouant notamment sur le contraste entre le monde actuel dans lequel évolue Adonis et le passé auquel Rocky est trop attaché pour vouloir le quitter.
Grâce à son authenticité, Creed parvient à saisir le spectateur pour le plonger dans son histoire. Cette capacité d’immersion est selon moi une qualité essentielle qui caractérise les films véritablement réussis.
Un excellent film (de boxe)
L’authenticité se retrouve autant au niveau de l’action que des sentiments. La relation que développe Adonis avec Bianca sonne juste, de même que celle qu’il entretient avec Mary Anne Creed et Rocky.
Les scènes d’entraînement et de combat méritent d’être tout particulièrement saluées. Tout d’abord, elles sont très réalistes. Les entraînements ressemblent bien plus à de vrais entraînements de boxe que dans la plupart des Rocky où la part belle a souvent été faite aux exercices de musculation (à l’exception du 3 notamment).
Cette authenticité au milieu de la boxe est encore renforcée par la présence de véritables personnalités des sports de combat comme par exemple Stitch, qui est dans la vie un véritable soigneur (même s’il s’est fait viré des combats de MMA de l’UFC pour avoir simplement exprimé son avis) ou encore Michael Buffer, la voix emblématique des rings de boxe les plus prestigieux.
Les combats sont filmés de façon tout bonnement excellente. Les chorégraphies et le réalisme des coups portés sont époustouflants. Le réalisateur et les acteurs ont fourni une performance magnifique. C’est l’occasion de saluer l’investissement de Michael B. Jordan, parfaitement crédible dans le rôle titre. De manière générale, les idées de réalisation viennent revitaliser la franchise Rocky avec succès.
Stallone est très bon
Enfin, un des points les plus positifs du film est certainement la prestation de Sylvester Stallone. On doit admettre que le personnage de Rocky est sans doute l’un des plus emblématiques et attachants du cinéma américain de ces 40 dernières années. Le retrouver à l’écran est un véritable plaisir, d’autant plus que Stallone porte les scènes les plus chargées d’émotions. Le Golden Globe du meilleur second rôle masculin qui lui a été attribué est donc amplement méritée.
Si on devait absolument trouver des points négatifs ou tout du moins apporter un léger bémol à cette critique enthousiaste, on pourrait citer la musique et la trajectoire du personnage principal.
L’œil du tigre, mec !
La bande-originale du film n’est pas mauvaise, loin de là, mais elle reste à mes yeux (et oreilles) moins marquante que dans les Rocky. On a juste un retour d’une musique mythique vers la fin du film et on se rend compte alors qu’elle nous avait bien manqué.
Quant au parcours d’Adonis, on peut estimer que le héros a finalement un succès relativement facile. De ce fait, on gagne en subtilité en évitant le copié collé de l’histoire originale de Rocky, mais on perd un peu le bénéfice de la figure mythique du loser qui devient un champion.
En résumé, Creed est un film chaudement recommandé dont les 2 heures 13 passeront bien vite.
Outre une potentielle suite à Creed, qui risquerait peut-être alors de sombrer dans certains indéniables travers de la saga Rocky, on peut déjà se réjouir de savoir que le réalisateur, Ryan Coogler, sera à la tête du film Marvel Black Panther. Il faudra patienter deux ans (février 2018) pour voir le résultat, mais on compte sur le talent de ce réalisateur pour continuer à nous faire aimer les super-héros.
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