15 jours avec le MacBook 12″ 2015

Je travaille à 100% sur Mac depuis 6 ans. Je suis évidemment l’évolution des gammes de MacBook avec attention, même si la mention Pro est préférable comme machine de travail principale dans mon activité : la vidéo. Je me suis donc habitué à un environnement 100% Apple au quotidien, avec iPhone et iPad. J’apprécie énormément le soucis du détail apporté à tous les produits de la marque. Une fois posés ces éléments, je précise que je ne me considère pas comme un fanboy Apple, et que mon intérêt principal est de pouvoir travailler confortablement. Donc quand un produit n’est pas au top pour travailler, ce qui est tout de même très rare chez Apple, j’aime aussi le dire. C’est le cas pour ce MacBook 12″, que j’ai eu en prêt pendant plusieurs jours. Je ne me représente pas la cible unique de ce type de portable, et pour cette raison, mon avis sera peut-être un peu dur. Et vous comprendrez pourquoi en lisant mes arguments…

Apple-MacBook12-02

Le MacBook 12″ : en rupture totale avec le passé

Les ordinateurs Apple sont des produits très réussis, étudiés jusque dans les moindres détails, et en général, ils ne déçoivent pas. Et pourtant, le MacBook 12’’2015 est un produit en rupture totale avec les ordinateurs aujourd’hui sur le marché. Dans le monde des ultra portables, on avait déjà vu du fin, du léger, du cher, mais apparemment jamais une machine ne comportant qu’un seul port pour recharger ou connecter des périphériques…

Si le produit ne venait pas de Cupertino, on pourrait considérer ce choix comme ultra risqué, voire même le descendre en flèche même sans avoir pris la peine de le tester. Mais Apple a l’habitude de bousculer les habitudes et d’imposer des standards qui sont… les siens, et qui finissent bien souvent par déteindre sur le reste de l’industrie. Vous vous souvenez du marché des smartphones avant l’iPhone ? Vous vous souvenez des premiers iMac ? Par habitude, les professionnels n’aiment pas toujours, le grand public est réticent face au prix, mais bizarrement, les portables Mac sont régulièrement les ordinateurs portables les plus vendus dans le monde..

USB-C, seul et unique port d’attache

L’élément le plus perturbant sur le MacBook 12’’ 2015 est le fameux port USB-C. La nouvelle génération des ports USB, c’est cette prise réversible est prête à tout faire transiter, y compris l’alimentation électrique du portable. On se rapproche finalement des smartphones : que ce soit sur Android, iOS, Blackberry ou Windows Phone, un seul port est nécessaire pour tout faire.

Apple-MacBook12-03

Mais sur un ordinateur, les activités sont bien différentes qu’avec un smartphone. On a toujours besoin de brancher des périphériques extérieurs. Et avec ce fameux et unique port USB-C, il faut donc choisir : charger son portable, ou connecter un lecteur de carte SD, charger smartphone ou brancher un disque dur.

Encore une fois, le salut viendra sûrement des accessoires, grâce auxquels on pourra palier ce problème. On remarque déjà des hub USB-C prêts à accueillir des entrées et sorties nécessaires pour travailler confortablement. Sur le MacBook 12″, le dénuement est tel qu’il n’y a même pas de port SD Card. On se rapproche en fait beaucoup des limitations d’un iPad, le tactile en moins et le clavier en plus.

Un clavier Next-Gen et un trackpad virtuel

Justement, l’autre particularité du MacBook réside dans son clavier. Il est complètement différent des claviers habituels des Mac. Et il va falloir vous y faire. Les touches sont plus grandes, laissent moins d’espaces entre chacune d’entre elle, et la sensation de frappe est très perturbante. Le nouveau système de suspension nous promet un confort de frappe accru. Il y a en effet moins d’effort à produire pour appuyer sur une touche, et le feedback est lui aussi plus discret. Ce n’est pas désagréable, mais cette sensation est nouvelle. Après plusieurs jours d’utilisation, écrire au clavier est effectivement plus agréable. En repassant sur mon MacBook Pro, je regrette déjà celui du MacBook…

Apple-MacBook12-05

Pour finir sur les changements majeurs, notons le trackpad Force Touch. Exactement comme sur le MacBook Pro 2015, le trackpad est une surface en verre, ou le clic est entièrement virtuel, et dont la pression est identique sur toute la surface de la dalle. Sauf qu’en réalité… Il n’y a aucun clic mécanique ! Un moteur reproduit des vibrations, pour créer un retour de force qui vous indique que vous avez cliqué. Le clic est donc virtuel, et pour en avoir la preuve, il suffit d’éteindre le portable et d’essayer de cliquer, vous n’aurez aucune réaction du trackpad ! A noter qu’il est même possible de régler le niveau de feedback, chose totalement impossible avec un trackpad classique.

Le trackpad force touch propose aussi des gestures spécifiques, par exemple pour varier la vitesse de lecture d’une vidéo, ou simuler le clic secondaire. Là aussi, à l’usage pendant plusieurs jours, cette innovation devient vite indispensable. Après le MacBook 12″ et le MacBook Pro 2015, il y a fort à parier que ce trackpad, tout comme le clavier, se retrouveront sur toute la gamme des claviers, y compris pour l’iMac.

Un écran de 12″ enfin Retina

Quant à l’écran, sa taille de 12’’ au format 16:10 est un compromis intéressant entre les trop petits 11 » et les plus lisibles 13’’. Mais la meilleure nouvelle est sans doute le fait qu’Apple ait choisi une dalle Retina. Comme sur les MacBook Pro et les derniers iMac, vous pourrez donc augmenter la résolution native, ce qui n’est pas possible sur les MacBook Air.

L’image est très belle, même si j’ai noté une légère teinte jaunâtre en le comparant à mon MacBook Pro.

Au niveau du son, c’est là aussi une prouesse. Les haut parleur situé devant l’écran sont excellents, à se demander comment de si petits haut parleurs peuvent produire un son aussi clair et puissant. Notons aussi le second port du portable : une prise casque, sur le coté droit du MacBook.

Apple-MacBook12-01

15 jours pour tester l’usage

Au quotidien, le MacBook 12’’ apporte à la fois bonheur et frustration. Le bonheur car il est très léger, se glisse facilement dans un petit sac et vous pourrez travailler sans gêne visuelle pendant une journée entière. Ce qui ne se voit pas se trouve sous le clavier. A l’intérieur, Apple a fortement modifié l’agencement des éléments intégrés. La taille de la carte mère correspond à peut près à la taille d’un iPhone. Le reste de l’espace intérieur n’est qu’une succession de batteries placées en strates afin d’occuper le moindre centimètre carré pour augmenter l’autonomie de la machine. Sur ce point c’est réussi. Le MacBook tient facilement 7 heures.

Mais le plaisir dépendra surtout du type d’activité que vous pratiquez sur votre ordi. et c’est sans doute là que vous allez comprendre qu’il n’est pas fait pour tout le monde.

Si vous passez vos journées sur le web, ça devrait aller sans problème, même si on remarque souvent un comportement un peu poussif sur des pages web chargées dans Google Chrome. A ce petit jeu, Safari est plus agréable à utiliser car il gère beaucoup mieux la mémoire disponible. Si cette différence est moins marquée sur une machine plus puissante, sur le MacBook équipé d’un Core Intel M à 1,1 ghz, c’est beaucoup problématique.

Et les limitations ne s’arrêtent pas là. Oubliez complètement le MacBook comme machine principale, vous risquez d’être frustré. J’ai souhaité mettre le MacBook à l’épreuve de la vidéo. J’ai essayé de lancer des projets Final Cut Pro X, le MacBook a du mal, et le logiciel plante souvent, même sans rien faire. On attend une mise à jour corrective… Il est tout de même possible de travailler sur FCPX, mais l’attente deviendra votre meilleure allié.

Outre les tâches qui demandent une grosse puissance processeur,  aucun souci. Que ce soit pour regarder des films, jouer à des jeux  assez basiques ou s’amuser sur Photoshop, tout se passe plutôt bien. Mais là aussi, il faudra souvent attente. Globalement, vous pourrez tout faire, mais le processeur n’est pas très rapide. Il est tout de même possible de choisir une configuration légèrement plus musclée. Passer du Core M 1,1 ghz avec 256 Go de SSD au 1,2 ghz avec 512 Go de SSD vous coutera près de 400 €. Mais même avec la version la plus haut de gamme, vous serez encore limité par la carte graphique intégrée, assez moyenne, elle aussi. Et bien entendu, impossible de mettre à jour la RAM ou le SSD. Si vous envisagez de l’acheter, il faut le prévoir avant.

Apple-MacBook12-08

En résumé, le MacBook 2015 fait plutôt de l’ombre au Macbook Air de 2013 ! Apple a tout misé sur la compacité, mais il est difficile de considérer l’achat de ce portable pour assurer le rôle d’une machine de travail unique. En revanche, comme portable destiné à voyager, il est parfait. Et si l’on se risque à le comparer avec un iPad haut de gamme, il est certes beaucoup plus cher, n’est pas tactile, sera beaucoup plus agréable à utiliser, mais d’une taille équivalente.

Au quotidien, ce MacBook nous fait penser à une belle voiture mais qui n’a pas grand chose sous le capot. L’intérieur du MacBook est d’ailleurs très clairsemé. On aurait beaucoup aimé un processeur plus rapide et une vraie carte graphique, quitte à rogner un peu sur l’autonomie.

Alors, on achète ou pas ?

En conclusion, faut-il acheter le MacBook 12″ 2015 les yeux fermés comme on achète un MacBook Pro ? Je ne pense pas, car il ne s’agit pas d’une machine suffisamment puissante pour tout faire. Elle ne s’adresse pas aux utilisateurs multitâches comme je peux l’être avec des exigences que l’on est droit d’attendre d’un MacBook Pro par exemple. C’est normal, mais en terme de performances, la dernière version du MacBook Air est au dessus. On espère donc vite une version améliorée, ou Apple aura décidé d’ajouter un deuxième port USB-C, comme sur le ChromeBook Pixel, et un peu plus de puissance globale.

Apple-MacBook12-06 Apple-MacBook12-07