Le Transporteur Héritage : notre critique consternée

Le Transporteur 4, un film tellement mauvais qu'il en est presque drôle

Le Transporteur Héritage est un film vraiment impressionnant et ce à plusieurs niveaux. Attention, ne vous excitez pas trop vite… je vais vous expliquer.

Petit rappel de circonstance pour les bienheureux qui ne savent rien encore de ce… de cette… enfin ceux qui ne connaissent pas ! Ce nouveau Transporteur consiste tout simplement à rebooter la franchise qui avait lancé la carrière d’action hero de Jason Statham. Ce reboot fait le pari de remplacer le stoïque Statham par Ed Skrein et ses dents de devant un peu en biais. Mais je reviendrai plus tard sur les acteurs du film et leurs choix de carrière…

Ed Skrein déploie une immense palette de sentiments pour... non je déconne.

Ed Skrein déploie une immense palette de sentiments pour… non je déconne.

Un film impressionnant donc, et c’est vrai qu’il parvient à l’être au premier degré dans ses cascades de voiture. On comprend pourquoi l’éditeur de jeux mobiles Gameloft s’est associé au film pour intégrer des missions spéciales transporteur dans Asphalt 8 Airborne. De ce point de vue, les deux franchises vont très bien ensemble.

De bonnes cascades en voiture, il faut reconnaître que c’est un peu le minimum syndical pour un tel film, mais il faut quand même saluer le travail effectué par les cascadeurs qui ne sont en rien responsables de tout le reste du long-métrage.

Tu m'as traité de majorette ???

Tu m’as traité de majorette ???

En complément, un petit mot sur les bagarres. J’adore les bonnes bagarres de cinéma. Je suis super fan de Jackie Chan (un génie du genre, indéniablement) et j’apprécie le boulot de Jason Statham également. Ici, malgré de vrais efforts, on reste très loin du compte. C’est moyen et, surtout, très peu excitant. On est bien loin de la scène du garage dans le premier Transporteur et à des années lumières du maître Jackie dans le Bronx quand on tente avec grand peine de copier son style dans une scène filmée entre deux rangées de tiroirs métalliques.

Malheureusement, il est temps de parler de tout le reste. Pour aller droit au but, je me demande comment on peut encore voir de nos jours un film aussi grotesque au cinéma. Enfin, il est évident qu’il y aura des mauvais films tant que le cinéma existera, c’est inévitable, mais comment un tel scénario a-t-il pu être jugé  satisfaisant ?

One man army

One man army

Je ne sais pas quelle part de second degré il faut espérer trouver initialement dans le scénario, mais à l’écran, même si on sait bien qu’il s’agit d’un film d’action, on ne peut être que consterné par le niveau de débilité atteint par l’histoire. C’est avec consternation que j’ai pu constater que Luc Besson est crédité avec deux autres personnes à l’écriture et franchement, c’est chaud.

Les individus coupables de ce script devraient se lancer dans autre chose. Quitte à faire un four, ils pourraient par exemple superviser les cuissons pour les recettes de cuisine d’Enjoy Phénix.
On suppose que le scénario essaie de bien faire en mettant des femmes fortes au cœur du film. En résumé, il s’agit de prostituées qui cherchent à se venger des méchants Russes qui les ont exploitées.

Les 4 Non Blondes. Plus un fan moustachu.

Les 4 Non Blondes. Plus un fan moustachu.

Jusque-là, c’est très basique, mais pourquoi pas, bonne idée d’en mettre plein la tronche à la traite des blanches. Malheureusement, il n’y a aucune trace de réalisme ou surtout de crédibilité, que ce soit dans la personnalité ou le plan échafaudé par ces pseudo-héroïnes. Ce sont des filles qui veulent se libérer de l’emprise d’un odieux maquereau la meilleure idée qu’ont eu les scénaristes consiste à les  faire remercier les héros masculins en leur offrant leurs faveurs sexuelles. Bravos les mecs, c’est vraiment un merveilleux exemple d’émancipation féminine.

Gnnnéééé ???

Gnnnéééé ???

Ce qui est peut-être encore pire, ce que le scénario transforme le Transporteur, le personnage titre, en simple robot de conduite et de baston. Le mec ne comprend rien à ce qui lui arrive et finalement il obéit aux aléas complètement débiles d’un scénario qui se ridiculise en essayant d’être malin. Désolé, mais tout le monde ne peut pas écrire un bon James Bond ni filmer Mad Max Fury Road.

Pour que vous preniez conscience du niveau de stupidité atteint à l’écran, je vous ai fait une préparé une petite liste.

  • On parle ici d’un film dans lequel un maquereau bute une bande rivale en pleine rue et y place ensuite ses filles en laissant les corps par terre. Excellente technique marketing pour attirer le client.
  • On parle d’un film ou un ancien agent secret se fait enlever deux fois suite comme un gros naze et drague une fausse Basque en lui parlant de… poulet basquaise.
  • On parle d’un film dans lequel une jeune femme au bord de la mort subit une opération chirurgicale avec une pince à épiler, du sucre et de fausses toiles d’araignée sur le canapé d’un hangar.
  • On parle quand même d’un film dans lequel l’interface de votre banque en ligne affiche le plan du yacht où vous vous trouvez et fait clignoter un point rouge là où une autre personne est connectée.
  • On parle d’un film avec un héros qui défonce à tour de bras des mecs super balèzes par groupes de 5 pour ensuite se faire sonner par le coup de pied d’un gros looser tout seul.
  • On parle d’un film où la jeune femme, celle qui s’est faite opérée sur le canapé, est totalement remise le lendemain. Elle est même tellement en forme qu’elle se lance dans un plan à trois.
Toi aussi, Ray Stevenson, tu te demandes ce que tu fous là ?

Toi aussi, Ray Stevenson, tu te demandes ce que tu fous là ?

Passons à la désolation de Smau… euh du casting.

Il est désolant de voir un débutant prometteur comme Ed Skrein qui a joué le rôle de Daario Naharis dans trois épisodes de Games of Thrones avant de quitter la série pour terminer dans cette daube.

Franchement Ed, toujours aussi convaincu d'avoir fait le bon choix ?

Franchement Ed, toujours aussi convaincu d’avoir fait le bon choix ?

Tout comme il est désolant de voir Ray Stevenson, l’inoubliable Titus Pullo de la série Rome, échouer dans le rôle du papa espion du Transporteur et qui se récupère sans doute les scènes les plus grotesques du film.

Du côté des héroïnes et des méchants, aucun charisme, rien à retenir, mais difficile de leur en vouloir quand on leur donne des dialogues aussi nuls. Sinon il y a Noémie Lenoir.
On se demande ce qu’elle fout là. On se demande pourquoi on nous la montre en train de tortiller des fesses dans un jacuzzi alors qu’elle est supposée être devenue une sorte de femme forte aux côté de son mec, ce gros nul de chef mafieux.

Noémie Lenoir dans une scène capitale du film !

Noémie Lenoir dans une scène capitale du film !

Malheureusement, elle est juste là pour faire joli. Elle le fait bien remarquez…

Espérons simplement qu’on nous épargnera une suite.